girl_power

Les femmes du vin

Quand les femmes font la réputation des grands vins

La filière du vin se féminise oui, et pourtant ! Les grandes figures féminines ne datent pas d’hier dans ce domaine. Femmes à poigne, souvent veuves et plus libres de leurs actions à une époque où elles étaient encore sous tutelle masculine, elles ont su créer des vins d’excellence qui ont traversé les âges. Portraits de 3 grandes dames du vin.

Françoise Joséphine de Lur-Saluces – Château Yquem (1768-1851)

josephine_de_sauvage

© (Photo : Château Fargues)

Dès 1788, la veuve reprend la tête du Château d’Yquem et lui donne, en collaboration avec son maître de chai, ses lettres de noblesse et sa renommée internationale. Désignée par ses contemporains comme « une femme de tête », cette jeune provinciale est une femme vertueuse, courageuse, attachée à la terre de ses ancêtres. En dépit des difficultés – elle affronte seule la révolution et sera emprisonnée à deux fois par le tribunal de la Raison qui guillotine aussi son beau-père -, Françoise-Joséphine ne cessera de prendre des décisions audacieuses. C’est elle qui, en 1826 fait construire un chai à Yquem, une véritable innovation pour l’époque. Avec d’autres propriétaires de grands crus sauternais, elle souscrit à la pratique, plus coûteuse mais aussi plus qualitative, des vendanges tardives et par tries successives. Aujourd’hui, Château Yquem est le seul Sauternes classé premier cru supérieur et est incontestablement le plus fameux des blancs liquoreux au monde.

Barbe -Nicole Clicquot-Ponsardin – Champagne Veuve Clicquot (1777-1866).

Barbe -Nicole Clicquot-Ponsardin

© (Photo : Maison Veuve Cliquot-Ponsardin)

Veuve à 27 ans, elle reprend la maison de champagne créée par son mari et la développe énormément. A sa fondation, en 1772, la maison produit 100 000 bouteilles par an. À la mort de Mme Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin en 1866, elle en commercialise 750 000. Première femme à diriger une maison de champagne, la Veuve Clicquot est une remarquable femme d’affaires qui déploie sa maison à l’international. Malgré le blocus continental et les guerres qui déchirent l’Europe, elle envoie ainsi un navire chargé de 10 000 bouteilles de champagne à Saint-Pétersbourg, en Russie. Le succès est tel que la maison ne peut satisfaire les demandes ! Visionnaire, elle achète, parcelle par parcelle, 650 acres de vignes, parmi les meilleurs crus à Bouzy, Verzy, Verzenay… et se constitue un patrimoine viticole exceptionnel. C’est aussi elle qui eut l’idée d’améliorer la qualité du champagne en le débarrassant de ses sédiments. Elle invente à cette fin le dégorgement des bouteilles grâce au procédé de « la table de remuage ».

Louise Pommery – Champagne Pommery (1819-1890)

Louise_Pommery

© (Photo : Wikimedia Commons)

Veuve à 39 ans, elle devient propriétaire de la maison de champagne Pommery-Greno. Intelligente, énergique, Louise Pommery  a un sens aigu du marketing et un véritable génie des affaires. A l’époque, le vin de champagne était très en vogue comme vin de dessert sucré, doux ou demi-sec. Visionnaire, elle fait évoluer les goûts et lance avec succès sur le marché des vins bruts, secs ou extra-secs destinés à accompagner les repas. En 1836, la maison Pommery-Greno produit 45 000 bouteilles. A la fin du XIXe siècle, ce nombre atteint 2 250 000. Avec un goût assumé pour le faste et la grandeur, Louise Pommery installe sa production au sommet de la colline Saint-Nicaise à Reims. En l’honneur de sa clientèle britannique, elle y élève un ensemble industriel de style Tudor, inauguré en 1878. Pour un meilleur vieillissement des vins, elle fait percer dans d’anciennes crayères gallo-romaines, dix-huit kilomètres de galeries auxquelles on accède toujours par un monumental escalier de 116 marches !

Femmes et vin : le saviez-vous ?

Bannies des chais ! Les femmes étaient bannies des chais pour des questions de prestige ou de croyances sur la physiologie. Il s’est longtemps dit que le cycle menstruel était incompatible avec la noble élaboration du vin !

Veuve Clicquot-Ponsardin, Pommery, Laurent-Perrier, Bollinger…Pourquoi autant de femmes dans le domaine du champagne ? Sans doute parce qu’en Champagne, les vignes vont au premier enfant quel que soit son sexe et se transmettent d’époux à époux.